Les jardins zen japonais

L’art du jardin à la française est réputé dans le monde entier. En effet, André le Nôtre ou René Dahuron sont des patronymes célèbres dans le monde du jardinage notamment grâce à leurs diverses réalisations au château de Versailles pour le compte du Roi Louis XIV.

Mais, il n’y a pas que les français qui maîtrisent cet art. Les japonais sont aussi des maîtres dans ce domaine. Les jardins zen japonais sont très présents dans la culture nipponne. Avant d'évoquer leurs rôles, il est essentiel de savoir de quoi il s’agit. 

QU’EST-CE QU'UN JARDIN ZEN JAPONAIS?

Le jardin zen japonais, appelé “Nihon teien”, prend ses racines dans l’antiquité. On retrouve des traces de ces jardins en -300 avant notre ère sur l'île de Honshu(la plus grande île japonaise). Cet art se retrouve aussi bien dans demeures privées que dans des châteaux ou bien même dans des parcs japonais publics.

Le style, la signification ainsi que la composition de ces jardins évoluent au fil des siècles. De nombreuses influences viennent se greffer aux traditions et modifient la perception des jardins. En effet, des notables et diplomates ayant fait des voyages dans les pays voisins comme la Chine ou encore la Corée influencent la création des jardins.

On retrouve de nombreuses influences shintoïste et bouddhiste. En somme, les jardins zen japonais jouent plusieurs rôles dans la culture nippone, aussi bien religieux que décoratifs. 

Les trois grands principes du Jardin nippon

La création des Nihon Teien suit trois grands préceptes à savoir, le symbolisme, la capture des paysages et la miniaturisation de la nature. Le symbolisme joue un rôle religieux. De nombreuses divinités ou scènes de la genèse nippone sont représentées au sein des jardins japonais. La capture de paysages fixe le cadre du jardin.

Son but est de représenter des scènes que nous offre la nature, comme un lac, une rivière ou une montagne, le tout dans un espace restreint et distinctement délimité. D'où le terme de miniaturisation. En comparaison avec les jardins français, les jardins nippon observent une certaine simplicité. Ces réalisations ne sont pas forcément symétriques, sont le plus souvent sobres et dépouillées de tout artifice. 

L'histoire du jardin asiatique

Les jardins japonais ont évolué au fil des décennies. Leurs styles mais aussi leurs significations. Comme mentionné plus haut, les premiers jardins sont apparus sur l'île principale de l’archipel. Les paysages qu'offrent les îles nippones se retrouvent aux cœurs des différentes créations.

Massifs volcaniques, paysages brumeux, chutes d’eaux et clairières traversées par d'innombrables vallées représentent des modèles naturel sexploités et recopiés dans la réalisation des jardins. 

Jardin zen et Antiquité japonaise

A l’antiquité, sous la période Jomon (environ de -13 000 à -300 avant notre ère), le japon était peuplé principalement de chasseurs cueilleurs. A cette époque on prête à des pierres et des rochers des significations religieuses. Certains rochers, certains lieux abritent selon les récits des Kami, les divinités japonaises. Comme dans de nombreuses civilisations les croyances sont directement en lien avec la nature. C’est à ce moment-là que les premiers lieux sacrés apparaissent au Japon comme sanctuaire d'Ise, l’un des endroits les plus sacrés dans la culture japonaise et dans la religion shinto.

Vers 500 après notre ère, ce qui correspond au début du Moyen-Age en occident, les premières influences bouddhistes commencent à émerger au Japon. Et c’est là que les véritables jardins nippon commencent à apparaître. Inspirés par les pays voisins de nombreux concepts sont importés sur l’archipel.

Les premiers jardins se concentrent principalement sur la représentation de la nature, comme une fontaines de pierres, des scènes représentant la mer qui s’échoue sur les côtes. Plus généralement, les premiers jardins sont aménagés à proximité d’une rivière ou d’un étang. Ces premiers décors sont décrits dans la poésie japonaise comme des lieux d'évasion pour la noblesse de l’époque. 

L'histoire du jardin zen de 794 à 1185

Sur cette période donnée, les jardins s’intègrent dans toute l’architecture des bâtiments ou divers palais. Les jardins s'accompagnent généralement de nombreux cours d’eau et commencent à être pensés en fonction des saisons.

En effet, on retrouve de nombreuses traces de cet ère dans la poésie nippone et on peut encore observer ces jardins aux abords de Kyoto. Les préceptes du bouddhisme, l'esthétisme et la mélancolie sont aux cœurs des différentes créations. L’asymétrie fait déjà partie de l'architecture japonaise que cela soit pour la construction de palais ou bien pour la création des jardins. 

Le bouddhisme zen et l’époque Kamakura

A cette époque s’opère la transition du pouvoir entre la noblesse et les militaires. C’est une des raisons pour laquelle l’influence militaire est encore très présente dans la culture japonaise. Lors de l'époque Kamakura, les premiers jardins zen sont conçus et tentent de recréer une atmosphère paisible, propice à la zénitude et la méditation.

Les objectifs et les rendu finaux des jardins changent considérablement en comparaison avec l'époque précédente où le mimétisme et la représentation fidèle de la nature était en cœur de processus de création. Dès lors on tente de représenter l’univers dans son ensemble et le symbolisme prend une place de choix. Le jardin passe d’un lieu d’activité à un lieu de contemplation.

La cérémonie du thé 

L'époque Momoyama est importante dans l’histoire de l’archipel nippon car c’est à ce moment- là qu'apparaît la cérémonie du thé. Ce n’est pas tout. L’un des principes de cette cérémonie relativement codifié est le Wabi-sabi. C'est un concept japonais est un concept esthétique ou attitudes spirituelles qui découlent du bouddhisme. On peut traduire cette expression par raffinement sobre et calme. On balaie les artifices en vogue chez la noblesse pour laisser place à certaines simplicité et sobriété. Par ailleurs on tente lors de ces cérémonies de mettre en valeur l'introspection et par extension la méditation. 

L'époque Edo et la démocratisation du jardin nippon

De 1600 à 1868 l’art du jardin se démocratise au japon. Avec l’émergence des artisans et des marchands qu’ils soient sédentaires ou ambulants, on retrouve dans les cours, entre les différents magasins ou dans les demeures de nombreux japonais des petits jardins. C’est le début d'une transition.

Cet art japonais qui était réservé et destiné principalement aux classes dirigeantes, se retrouve perpétué par des marchands et des personnes aux revenus plus modestes. En somme, les citoyens les plus aisés se mettent à créer leurs propres jardins chez eux ou à proximité de leurs magasins. L’aménagement de ces jardins est largement inspiré par celui des jardins de thé. 

L’ère Meiji et l’influence Occidentale

Lors de cette période, le Japon s’ouvre au monde. L’occident se passionne pour l'Asie, que ce soit dans l'art, la littérature et même dans l'architecture. Mais l’inverse se produit également. L’archipel nippon se voit influencer par des motifs, préceptes ou styles occidentaux. Cela se ressent dans la création de jardin. De nombreux jardins émergent avec à la fois symboles occidentaux et symboles traditionnels nippons. 

COMMENT FAIRE UN JARDIN ZEN EXTERIEUR ?

Peu importe l’époque ou le style de jardin, nous retrouvons généralement de nombreux éléments identiques au sein des créations. En effet, les jardins s'articulent principalement autour de bâtiments comme un temple ou un château. Dans ces derniers, on retrouve généralement les mêmes éléments comme des pierres, des rochers, de l’eau sous différentes formes comme une mare ou des rivières . On retrouve également des graviers ou du sable des chemins des haies et un petit pavillon.

L’eau

L’eau joue un rôle important dans les jardins zen japonais. Dans le shintoïsme, l’eau est un élément purificateur, c’est une composante jugée noble. Dans la plupart des jardins, l'eau provient d’un cours d’eau naturel qui est exploité afin de créer des bassins au sein de ces jardins. Très peu de jardins utilisent des canalisations. Souvent sinueux, il repose la plupart du temps sur un lit de pierre symbolisant la mer ou une rivière. Il faut garder à l’esprit qu’un jardin est la miniaturisation de la nature. 

Pierres et rochers

Les japonais prêtent aux pierres des pouvoirs. Elles abritent des kamis, des divinités japonaises qui sont au cœur de la spiritualité nippone. Au Japon on retrouve plusieurs sortes de pierre. Les pierres lisses et les pierres volcaniques qui sont plus abruptes. En fonction de leurs aspects ou de leurs tailles, les pierres et rochers ne symbolisent pas la même chose au sein des jardins japonais. Les paysagistes japonais utilisent également des galets décoratifs, afin d'aménager certains petits coins ou espaces du jardin.

Gravier et sable

Lorsque nous pensons aux jardins japonais, cela nous évoque souvent les petites rayures dessinées sur le sable ou le gravier dans les jardins japonais. Ces rayures, créées à l’aide d’un râteau donnent un certain aspect de mouvement aux créations. Généralement elles représentent des vagues ou des courants d’airs ce qui contraste avec le côté statique des pierres qui sont disposés à proximité. On peut également utilisés des gravillons de couleurs comme le gravier blanc très présent sur l’archipel japonais.

Plantes et arbres japonais

Les plantes utilisées varient en fonction du style de jardin que l’on souhaite créer. En revanche leurs rôles sont souvent identiques à savoir mettre en valeur des zones bien précises du jardin. Pour ce faire, on utilise toutes sortes de plantes ou arbustes comme des bambous, des bonsaï, des cerisiers ou des camélias. Cela va de la fleur sacrée comme le lotus aux différents types de mousses ou verdure.

A noter que les parterres de fleurs à l’instar de ce que l’on peut voir dans les jardins européens sont extrêmement rares au Japon. Pour ce qui est des arbres, ils ajoutent de la perspective aux jardins. Souvent la flore est choisie en fonction des saisons. En effet, la floraison est prise en compte afin d'accentuer le sentiment de relaxation. On va essayer d’ajouter des éléments qui fleurissent à toutes les saisons pour éviter que les jardins ne paraissent morts pendant certaine période de l’année.

Chemins japonais

Les chemins les allées sont très importants dans le processus de création des jardins zen japonais. Grâce aux chemins, le paysagiste met en exergue certaines parties du jardin. Ils incitent les visiteurs à regarder tel ou tel point de vue, ce qui offre un spectacle différent en fonction du chemin emprunté. Généralement créés grâce à une disposition de dalles, les chemins permettent de circuler et de rejoindre les endroits clés du jardin comme le pavillon de thé.

Accessoires japonais

Afin de créer une ambiance zen, on retrouve dans les jardins au pays du soleil levant, des ornements comme des lanternes en pierre, de l’encens ou bien des petites statues. L'objectif est de rendre le tout plus harmonieux, plus relaxant afin que le visiteurs se promènent en toute quiétude. 

LES DIFFÉRENTS STYLES DE JARDINS ZEN

Au japon on retrouve trois grands types de jardins. Chaque jardin à une spécialité ou une fonction différente. Leur composition change en fonction du style adopté. 

Tsukiyama-niwa ou le monde miniature

Le Tsukiyama-niwa représente un paysage courant de l'archipel nippon. C’est en tout et pour tout la miniaturisation d’un lieu. D’où son nom le monde miniature. Collines, ruisseaux, petites îles reliées entre elles par des pontons, ces jardins sont essentiellement des lieux de promenades. Lors de l’époque edo, ces réalisations étaient très fréquentes. De nos jours, on retrouve encore ce style de jardin dans les villes de Kyoto, de Tokyo ou de Mito. 

Karesansui ou le jardin de sec

C’est le lieu de la zénitude. Ces jardins sont typiques des temples et des lieux de méditation au Japon. On y retrouve tous les éléments d’un jardin zen japonais hormis l’eau. L’utilisation de bambou et de mousses sont très fréquentes dans ce style de jardin. On y retrouve généralement beaucoup de sable ou de gravier orné de rainures. Les rochers sont disposés de manière éparse dans ces créations, ce qui donne une impression d’espaces et de sobriété.

Chaniwa ou le jardin de thé japonais

La cérémonie du thé, inspirée par le mouvement wabi-sabi, débouche sur la création de jardin dédié à cette activité. Mêlé au spiritualisme inspiré du bouddhisme, les jardins de thé sont construits avec de nombreux chemins menant généralement à une bâtisse (véranda ou pavillon) où l'on pratique l'introspection accompagné d’un thé bien chaud.

Historiquement, ces jardins sont les premiers à être conçus afin d'être observés en mouvement. Un itinéraire est prévu afin que le paysage défile sous les yeux des visiteurs qui se rendent au pavillon de thé. 

Les jardins zen miniatures

Les jardins zen miniature reprennent tous les préceptes du jardin nippon typique. Le jardin zen miniature est un objet sobre plein de symbolique qui apporte paix, calme et harmonie à l'intérieur des foyers.

Généralement accompagné d’une petite statuette de bouddha, ces derniers sont propices à la contemplation et à l’introspection. A l’instar des jardins de thé japonais, les jardins miniatures reposent sur les principes du wabi-sabi à savoir la simplicité et l’émancipation de tout plaisir matériel.